La France des Trois Jules pouvait s'enorgueillir d'avoir su instituer cette École gratuite, laïque, obligatoire, support d'évolution pour promouvoir un Peuple au niveau de Nation. Depuis, tout au fil des années, beaucoup trop de julots ont voulu ajouter, pour leur gloire personnelle, chacun son grain de sel au seul fait de contrer le ministre d'avant. On voit où nous en sommes, chacun dans son secteur peut en être témoin pour peu qu'il soit lui-même en pouvoir de juger par sa propre expérience ou d'un choix qu'il aura fait de bonnes références. L'Ècole était la loi de Notre République pour faire des Citoyens capables de leurs choix pour leur appartenance à une Société communément bâtie.
On a d'abord voulu faire dans le modernisme en ouvrant au laxisme, en guise de liberté, l'échelle des rapports d'un monde organisé là où pourtant le but est de socialiser. Adieu aux références, le temps vient à chacun selon sa bonne humeur, aucune discipline, surtout pas de contrainte, mieux que dans la famille, on tutoie sa maîtresse qui a perdu son titre au profit d'un prénom, supprimons l'orthographe, l'Histoire et la géo, la note est l'injustice. Le public, en client, est en droit d'exiger, comme élève ou parent, qu'on courbe à sa façon la règle générale que personne d'ailleurs ne songe à appliquer, comme en d'autres domaines de justice privés. La pédagogie reine est manière et matière, se substituant à tout, confusion de l'objet, qui devient secondaire derrière la méthode plus ou moins adaptée. Le brave Instituteur, dont on a fait un "prof" de niveau bacc+∞, court derrière un programme inutilement enflé d'options obligatoires pour la satisfaction d'un orgueil mal placé de quelque directeur de quelque-chose, programme trop chargé d'accessoires inutiles, je parle pour le primaire, impossible à boucler dans les formes requises au sein d'une telle ambiance. L'Instit surdiplômé n'en fera pas plus qu'un autre s'il ne suit qu'une seule voie pour passer un savoir, non le sien mais celui dont l'élève a besoin. Il faut au bon apprentissage d'un enfant du primaire une partie de jeu qui fait vivre l'exercice par des approches multiples de la difficulté. C'est là en vérité qu'on peut, en jouant des exemples, astuces, curiosités, provoquer l'intérêt à différents instants qui, par la succession des points de découverte, rendent le temps moins long pour la classe et le maître. Bien sûr, l'idéal maître, qui n'a pas existé, n'existera jamais, serait celui pourvu parfaitement du sujet concerné mais n'ayant sur l'élève qu'une leçon d'avance, avec le souvenir de ses difficultés pour mieux les prévenir chez celui qu'il enseigne.
Après la discipline, forcément nécessaire, naturellement requise pour l'environnement, et la pédagogie, la méthode enseignante, il reste les programmes.
Concoctés dans des cercles où des maîtres à penser ayant pris leur savoir trop longtemps en avant, qu'un besoin justifiant de position oblige ou simplement nature primant la connaissance, peu importe le cas, on a vu de longtemps les modes balancer au gré du bon plaisir ou bien de spécialistes pas plus crédibles ici que ne sont ces prêcheurs des règles économiques qui font la réussite et n'ont pas vu venir, ni admis qu'elle est leur, la crise gigantesque qu'on ne résorbera que par le changement, pas celui qui est dit, celui qu'on doit vouloir. La charge du primaire, c'est de faire des primaires, comme nous l'étions nous tous au vieux temps du <Certif>. Apprendre, bien à fond, la Langue tant à l'oral qu'à l'expression écrite, vraies clefs de réussite pour faire des Citoyens et la mathématique dans ses bases courantes de quantification du domaine ordinaire des problèmes quotidiens, gymnastique d'esprit dans le calcul écrit, dans le calcul mental et les automatismes que permet le par cœur. Il faut aussi l'Histoire et la Géographie, intimement liées dans un cause à effet qui explique notre Monde. Voilà de quoi très bien meubler déjà les heures, les jours et les semaines et sans qu'il soit besoin, vraiment d'en ajouter, d'en bouleverser le cadre, il restera du temps pour y faire l'accessoire, une langue étrangère, approchée à l'oral, comme jeu de découverte dans le cycle moyen, pour tous aussi mais sur un plan pratique, un peu de sciences de l'environnement naturel et quelqu'autres gadgets bonifiant l'ordinaire s'il reste encore du temps. Du temps, même on aura pour faire un peu de gym, juste un peu pour apprendre la discipline du corps, la vraie gym de l'enfant, l'Européen s'entend, c'est le jeu, à la récré, partout. Quant aux arts, la Kulture, à la maison peut-être, mais très légèrement.
Et cette nième réforme qui veut tout modifier prolongera sans fruit la démarche imbécile poursuivie de longtemps par tant de beaux ministres inefficaces, ineptes, au vu des résultats.
Tout le poids de l'échec n'est pas là, il est vrai, mais c'est le principal. On a bien vu, plus haut, le mal des habitudes dans le laisser-aller en guise de liberté et pour l'égalité la familiarité. Les enseignants ont pris maintenant le tournant de restaurer le statut qu'Ils avaient d'un mérite de partout reconnu. Les Parents, pour la fin, devraient aussi jouer le rôle de soutien, même passif, qu'ils se doivent pour le bien des enfants dont ils sont responsables. La régularité et le respect des temps nécessaires au bien vivre, nourriture et sommeil, principaux éléments, allégeraient les charges qui pèsent sur l'élève, gênant sa réussite.
Pour le reste, les rythmes d'une année scolaire tant décriée partout, gardons nous de changer pour la gloire d'une action qui laisserait sa trace l'équilibre fragile qui régit des domaines souvent contradictoires, et d'abord les Parents, outre les Enseignants, qui sont aussi Parents, les Élus, les transports, toute l'activité du pays que l'École cadence au rythme des saisons. Vouloir toujours réduire l'espace de vacance de cette Institution, c'est ne pas prendre en compte la charge d'un métier qui dépasse ce titre et troubler sans motif totalement avéré la vie des Citoyens qui ont d'autres soucis. A ce propos d'ailleurs me revient à l'idée qu'avant tous ces remue- ménage, le calendrier scolaire nous offrait, généreusement, l'été, la période bénie de nos <grandes vacances> longue de deux mois et demi sans parler de ces jours de rangements d'armoire et de jeux d'osselets dans la cour de l'école, qui clôturaient l'année souvent avant la date et laissaient un regret à l'heure de la quitter.
Pas plus bête pour autant, telle est ma conclusion.